“Une citerne pour collecter 60 m3 d' eau de pluie !”
La ville de Beaugency (45) a profité de la construction du nouveau centre technique municipal pour prévoir la récupération des eaux de pluie de toitures destinées à l'arrosage de ses jardinières. Un investissement réalisé dans le cadre du plan de développement durable.
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« Conformément à son Agenda 21, notre collectivité met en place une politique de développement durable », explique Bernard Javoy, responsable du service espaces verts de la ville de Beaugency. Parmi les mesures qui ont été envisagées, figure l'arrêt progressif des pesticides jusqu'à leur suppression totale à l'horizon 2014 et/ou la gestion des ressources en eau. Le fleurissement absorbe une part importante de ces ressources, surtout en hors-sol, avec plus de sept cents bacs et jardinières. En massif de pleine terre, les paillages à base de fèves de cacao ou de déchets de taille limitent la fréquence des arrosages. En horssol, les interventions ont été optimisées sur près de la moitié des jardinières par l'installation d'un système de goutteurs auto-régulants et d'un programmateur. L'arrosage se fait de nuit, à partir de l'eau du réseau. Ce principe fonctionne bien et aucun problème de vandalisme n'a été signalé. Pour l'ensemble de son réseau, la Ville a souscrit auprès de son distributeur (la Lyonnaise des eaux) un service de télésurveillance qui permet d'alerter en cas de fuite anormale de plus de sept jours, puis de détecter et de localiser le problème.
– Pour la seconde moitié des bacs et des jardinières les plus isolés ce système d'arrosage automatique est trop contraignant, voire impossible à gérer. L'opération se fait donc manuellement avec un camion compact et une citerne équipée d'un suppresseur. « Des réserves d'eau permettent tout de même de limiter le nombre d'interventions à trois par semaine. L'installation d'une citerne de récupération des eaux de pluie nous permet aujourd'hui de ne plus utiliser celle du réseau pour cet usage », poursuit Bernard Javoy. La ville de Beaugency produit en interne la totalité des plantes de fleurissement. En 2007, une unité de production florale a été mise en place conjointement à la construction du nouveau centre technique municipal qui regroupe, sur un même site, tous les services municipaux : espaces verts, technique et environnement. L'idée de prévoir la récupération des eaux de pluie des toitures, proposée par le chef des services techniques, a été retenue dès la construction des bâtiments ; ce qui a permis de les diriger vers un même point en prévision de la mise en place d'une citerne enterrée. Celle-ci a effectivement été installée quelques années plus tard, en 2010.
– « Pour faire face à plusieurs semaines sans pluie, nous devions stocker une grande quantité d'eau », précise Bernard Javoy. « Un des premiers problèmes rencontrés a été de trouver une citerne de grande dimension et de l'acheminer sur place. Cylindrique et d'une capacité de 60 m3 (16 m de longueur pour un diamètre de 2,20 m), elle a nécessité un transport spécial et une grue imposante. L'emplacement avait été prévu à proximité du portail d'entrée pour être bien accessible. Néanmoins le fait de ne pas l'avoir installée au moment des travaux de construction des bâtiments et de voirie a généré quelques difficultés: un tuyau acheminant les eaux de pluie avait été posé trop bas, ce qui a obligé à l'enterrer deux mètres plus bas, d'où un coût de terrassement supplémentaire. » Une fois en place, elle reste accessible par trois regards. Le premier se situe à l'arrivée des eaux pluviales. Il est équipé d'un filtre grillagé et d'un bac de décantation d'un mètre de profondeur pour filtrer les impuretés les plus grossières (feuilles...). Le deuxième, muni d'une pompe immergée et d'un compteur d'eau, sert au prélèvement de l'eau. Et le troisième permet l'accès au trop-plein dirigé vers un puisard. Le coût total de la citerne installée et prête à fonctionner s'élève à 38 000 € TTC. Avec 2 600 m² de toiture sur l'ensemble des bâtiments techniques, une pluie de 25 mm permet de la remplir.
– L'arrosage manuel des jardinières nécessite en période estivale environ 15 m3 d'eau par semaine. La citerne procure un mois d'autonomie en cas de sécheresse prolongée. En 2010, 260 m3 ont ainsi été économisés, et 150 m3 en 2011, avec un été beaucoup plus pluvieux. Néanmoins, au prix actuel du mètre cube (2,42 € TTC), l'investissement est loin d'être rentable économiquement, si l'on s'en tient à cette seule utilisation. Aussi, il peut être opportun de prévoir d'utiliser cette eau pour l'arrosage des serres au printemps, ce qui n'est pas le cas actuellement. Toutefois, celui-ci étant en grande partie géré de façon automatique, cela nécessitera une filtration beaucoup plus fine pour éviter l'obturation régulière des buses. « Concernant l'arrosage manuel, nous avons déjà eu quelques problèmes dus à la présence d'un silo à maïs à proximité des bâtiments techniques », précise Bernard Javoy. « À l'automne, au moment du remplissage des silos, les poussières s'accumulent sur les toitures et les gouttières. Malgré les filtrations existantes, elles se retrouvent dans la citerne. Et au final, elles bouchent les pommes d'arrosage. Nous serons donc, à l'avenir, contraints de prévoi r un second décanteur pour ces particules légères... »
Claude Thiery
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